Bonjour chers amis
Il y a cent ans notre ville perdait dans les flammes ses vieux Moulins. C’est à l’occasion de ce tragique anniversaire que l’idée de raviver leur souvenir au Musée Bossuet a été décidée, avec l’exposition Feu les Moulins de Meaux, que vous retrouverez dans les salles basses, du 18 septembre au 27 décembre 2020.
Emblème regretté de la ville, les moulins continuent aujourd’hui d’exister dans la mémoire de générations d’habitants et il est de notre devoir à tous de ne pas les laisser mourir dans l’oubli. Venez donc vous replonger dans l’histoire de cet incendie à travers les témoignages exceptionnels de la presse d’époque, d’artistes ou d’amateurs, de meldois ou de voyageurs, venus s’émouvoir de la perte de ce patrimoine médiéval unique.
L’exposition, issue du partenariat de la Ville de Meaux et de l’association meldoise Guetteurs d’Art ainsi que de leur collaboration avec la Société Historique du Pays de Meaux, la médiathèque Luxembourg et l’association du Rail club de Meaux, est le fruit d’un travail de recherche minutieux et passionné qui érige à nouveau, le temps d’une visite en immersion dans le Meaux du siècle dernier, les moulins disparus.
Près de 200 photographies, cartes postales, peintures et gravures, ainsi que de nombreux objets d’époque et maquettes des moulins ont été mis à disposition pour vous offrir le témoignage inédit de ce qui a autrefois fait la grandeur de la ville.
Je vous propose de remonter le temps
Le pont du marché a conservé son aspect général jusqu’à nos jours, ce qui en fait son originalité. La première attestation de l’existence de ce pont raide se trouve dans le Testament de sainte Fare dont la date est estimée en 632 publié par Don Toussaint du Plessis à l’appui de son Histoire de l’Eglise de Meaux. Cet écrit semblerait attesté également de la présence d’un moulin sur ce pont même si des doutes demeurent sur l’authenticité de cet écrit.
Il est construit dès ses origines, en bois sur pilotis remplacés par des piles de pierres avec avant-bec, de 1536 à 1540. Les voûtes et le tablier ne furent construits que plus tard. Les cinq moulins qui le bordent côté ouest ont été construits au XVIe siècle, établis sur d’énormes pilotis de bois.
Nos moulins meldois, à l’instar d’autres villes du royaume, ont appartenu à des religieux. Nous comptons cinq moulins sur le pont du Marché et parmi eux, celui du Chapitre de la cathédrale, le second de l’Abbaye Saint-Faron, l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, le quatrième de l’Hôtel-Dieu et le cinquième relèverait de l’Abbaye de Faremoutiers . Les comtes de Champagne possédaient certains droits et servitudes sur les moulins.
La navigation était possible sur la Marne et les embarcations empruntaient l’arche marinière du pont raide encore semble-il jusqu’au XIXe siècle. A partir du XVIIe siècle, progressivement le fossé Cornillon servit de plus en plus pour la navigation rompant ainsi avec l’usage purement militaire et défensif voulu par le comte de Champagne en 1235.
Ce pont et ses moulins par le charme pittoresque qu’ils dégagent, ont inspiré de nombreux auteurs et historiens. L’érudit meldois, Georges Gassies, membre fondateur et président de la Société littéraire et historique de la Brie entre 1892 et 1930, a consacré une étude intéressante en 1927, Le Pont et les moulins de Meaux qui fait encore référence. Nous pensons également à Gérard de Nerval qui dans le chapitre XVI de ses Nuits d’octobre, évoque notre belle ville et ses moulins malgré des conditions météorologiques peu flatteuses.
Georges Gassies, de qui nous nous inspirons ici, présente tout à tout les différents moulins du pont que nous avons cité précédemment.
Les artistes se sont également interessés aux moulins et vous retrouverez les oeuvres exposées au musée Bossuet. Citons notamment Barrois, professeur de dessin au collège municipal qui peint le vieux pont et ses moulins vers 1835.
Ces moulins, s’ils ont subjugué par leur aspect pittoresque, furent aussi l’objet de nombreuses contestations, enquêtes mais aussi règlements et ordonnances afin de veiller à ce que les propriétaires n’encombrent pas les ponts et le cours de la rivière. La plus connue de ces ordonnances est celle de 1566, dite Ordonnance de Moulins qui permit notamment de fixer les droits des meuniers de Meaux. Les particuliers ou communautés religieuses ne pourraient plus aliéner de leur plein gré pour les biens construits après cette ordonnance, le domaine royal. Les moulins meldois étant antérieurs à cette ordonnance, les aliénations furent respectées même par la loi du 4 mars 1799.
Bien avant le drame qui survint ce 17 juin 1920, un autre incendie avait déjà ravagé les moulins du pont du Marché en 1567. Lenfant, procureur meldois, dans sa chronique conservée dans les fonds patrimoniaux de la médiathèque Luxembourg, note le fait en ces termes : »1567, moulins des ponts du Marché brulez »Pendant que les Huguenots étoient dans ledit marché les moulins des grands ponts entre la ville et le marché furent brûlez par le moyen que l’un des dits moulins tournant a guilde le feu y prit et s’alluma tellement qu’il brula entièrement les autres moulins… »
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